Le GPMI (General Purpose Media Interface), dévoilé au printemps 2025, ambitionne de remplacer simultanément HDMI, DisplayPort et même USB-C. Pour les responsables techniques, intégrateurs audiovisuels et DSI, ce nouveau standard mérite déjà toute votre attention : il transporte jusqu’à 192 Gb/s de données et 480 W de puissance dans un seul et même câble réversible.
Pourquoi un nouveau standard ?
Depuis quinze ans, la multiplication des interfaces complique la vie des installateurs :
- HDMI pour la vidéo grand public et certaines liaisons pro.
- DisplayPort sur les stations de travail et les écrans haut de gamme.
- USB-C pour la recharge et les flux DisplayPort « alt mode ».
Chaque protocole a évolué sans réelle concertation, laissant co-exister des débits, des formats de connecteurs et des longueurs de câbles incompatibles. GPMI naît de ce constat : offrir une unique couche physique capable de véhiculer vidéo 16K, audio multicanal, données réseau 40 GbE et alimentation haute puissance, le tout dans un câble actif rétro-compatible par adaptateurs.
Spécifications clés
Caractéristique | GPMI v1.0 |
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Débit brut | 192 Gb/s (24 GB/s utiles) |
Puissance | Jusqu’à 480 W (48 V / 10 A) |
Longueur max. | 5 m passif / 30 m actif |
Modes pris en charge | Vidéo 16K 120 Hz HDR, USB 5.0, PCIe 6.0 x4, 40 GbE |
Connecteur | 24 points, symétrique et réversible |
Sécurité | Chiffrement AES-256 physique, authentification matérielle |
En pratique, une station de montage pourra alimenter un moniteur 16K, transférer des fichiers RAW en PCIe direct et charger un portable 240 W sur un seul cordon.
Impacts pour les intégrateurs audiovisuel et IT
- Réduction du nombre de câbles : un pupitre broadcast ou une salle de visioconférence haut de gamme pourra passer d’une dizaine de liaisons — vidéo, USB, réseau, alimentation — à un ou deux liens GPMI par équipement.
- Montée en puissance : la charge admissible (480 W) couvre déjà la majorité des écrans large format, mini-PC et caméras PTZ sans alimentation externe.
- Infrastructure active obligatoire : au-delà de 5 m, le câble GPMI doit intégrer un répéteur opto-électronique. Les armoires techniques devront donc prévoir l’alimentation et la ventilation de ces cordons actifs.
- Gestion des licences : le protocole impose un firmware validé pour garantir la bande passante et le chiffrement. Les responsables achats devront vérifier la chaîne d’approvisionnement.
Choisir son câblage et ses adaptateurs
La transition ne se fera pas en un jour. Pendant plusieurs années, les régies et les plateaux hybrides devront mixer GPMI et anciennes normes : il faudra donc des hubs et des adaptateurs fiables vers les classiques; les câbles HDMI, DisplayPort ou VGA. Bien sélectionner ces accessoires est crucial : les premiers convertisseurs annoncés limitent le débit à 80 Gb/s en mode passif et à 120 Gb/s avec conversion active.
Se préparer à la transition
- Audit des flux : cartographiez dès maintenant les liens qui cumulent bande passante élevée et alimentation forte (moniteurs HDR, matrices AV sur IP, stations de charge). Ce sont les premiers candidats au GPMI.
- Plan de câble actif : intégrez dans vos baies un budget énergétique et thermique pour les futurs cordons actifs.
- Formation des équipes : le standard associe des notions réseau (QoS, VLAN), audio-vidéo (16K HDR) et IT (USB 5.0, PCIe). Une acculturation croisée est indispensable.
- Veille fournisseur : priorisez les fabricants capables de fournir des connecteurs certifiés, des répéteurs actifs et des firmwares suivis. La traçabilité sera au cœur des marchés publics et privés hautement sécurisés.
Vers une interface unique… ou un standard de plus ?
GPMI possède des arguments techniques solides ; pour autant, son succès dépendra de l’adoption par les constructeurs occidentaux. Les roadmaps 2026 de plusieurs marques de moniteurs professionnels et de caméras studio prévoient une option GPMI, mais seulement en parallèle du HDMI 2.1. Les cinq prochaines années seront donc décisives.
Pour les directions techniques exigeant fiabilité, bande passante et rationalisation, anticiper aujourd’hui la compatibilité GPMI, sélectionner des adaptateurs certifiés et former les équipes permettra de gagner un cycle complet d’intégration — et d’éviter bien des maux de tête à la prochaine refonte d’infrastructure.